
Track
Listing :
1.
Kill the Dog, Tie Them Up, Then Take the Money
2. Beyonsense
3. Fortune
4. By the Well of Living and Seeing
17/20 |
A l’heure
où n’importe quel crétin équipé d’un
arsenal d’amplification faisant passer Manowar pour un groupe
de folk acoustique pense devenir le prochain Sunn O))) / Stephen O’Malley,
il est encore heureux de voir que certains ont compris que le drone
ne se limitait pas à un larsen foireux de 25min, l’ampli
réglé sur 11.
Remercions donc ASVA, groupe au line up prestigieux (ex Burning Witch,
Sunn O))), Mr Bungle, Faith No More), de nous démontrer que ce
genre musical, à priori à la portée d’exécution
de n’importe quel neuneu, n’est pas si facile à composer
et jouer que ça.
Après avoir déversé mon fiel sur la nouvelle hype
drone doom mes couilles sur ton nez, parlons maintenant de ce bel objet.
‘‘Futurists Against The Ocean’’ n’est
pas à aborder comme un album classique mais plutôt comme
un voyage initiatique. Oh oui ça sonne cliché ! Oh oui
il y en a plein des groupes et des albums ‘‘initiatiques’’.
J’en ai pleinement conscience, vous croyez quoi ? ! Mais bon,
autant argumenter et justifier ce cliché. Ce côté
initiatique, voir même cinématographique pour la forme,
s’explique d’une part par la construction tout en progression,
comme si la musique d’ASVA était scénarisée.
Cette impression « B.O.F » était déjà
présente sur leur split LP avec Burning Witch. Bref, la construction…
L’album commence par un premier titre lancinant (surprenant, non
?), organisé comme une longue boucle de 14min ou se superposent
vrombissement de guitares et de basse, nappes d’orgue Hammond
et rythmique martiale et éparse. L’Enfer nous ouvre ses
portes. Pénétrons le corridor. L’histoire se corse,
l’intrigue se développe à coup de riffs et de nappes
chaotiques. On se sent absorbé, aspiré. ASVA signe là
un morceau inconfortable ou les guitares mugissent, rappelant par moment
le 00Void de Sunn O))). Ambiance chtonienne, crade, suffocante. Pas
facile. C’est pas ce qu’on cherche, on s’en fout.
Continuons la progression. La Fortune nous tend ses bras et l’ambiance
se pose, tout doucement. C’est toujours instable mais beaucoup
moins agressif et suffocant. On pénètre un nouvel univers,
suite et progression logique des précédents. Progressivement
la voie de Jessica Kenney apparaît et se met en place. Voix lyrique,
transperçante mais tellement en osmose avec le drone continue
des instruments. Tout l’intérêt de morceau est là.
On sent qu’on approche de quelque chose d’énorme.
C’est perceptible mais pas encore là. Il faudra attendre
le dernier morceau pour qu’ASVA laisse éclater toute sa
superbe et propose un incroyable ‘‘By the Well of Living
and Seeing’’ où les (oui, LES) voix de Miss Kenney
se marient à la perfection avec les riffs de ses camarades, le
tout au service d’un vrai morceau, au sens classique du terme.
Car ASVA sait écrire de vrais morceaux, qui évoluent,
avec des riffs, rythmes et structures. Et si le futur du drone était
de pouvoir écrire de vraies chansons ? Si c’est le cas,
ASVA se positionne parmi les exemples à suivre et arrive à
renouveler un genre au potentiel extraordinaire mais qui semble tellement
engoncé dans un rigorisme inamovible (la faute à qui et
à quoi ?). Bref, tout ça pour dire que ce ‘‘By
the Well of Living and Seeing’’ est une véritable
merveille, véritable apothéose d’un album tout en
progression et en nuance, instigateur d’un vrai scénario
sonore, chose suffisamment rare pour être soulignée.
Et histoire de finir encore plus en beauté, l’objet est
présenté sous la forme d’un splendide digipack en
carton retourné et sérigraphié d’une illustration
signée O’Malley.
Le genre d’album qui semble passer inaperçu et dont on
reparlera dans 10 ans. Du moins j’espère.
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